De nos jours, tout le monde vous réclame de faire des dons pour la cause qu’ils défendent, de participer à leur évènement, de partager leur publication, de suivre leur page, d’acheter leur pâte à biscuit ou de soutenir leur mission humanitaire en Afrique subsaharienne.
Laissez-moi m’épancher un peu. Vous vous reconnaîtrez peut-être si je vous dis que moi, je me fiche de tout ça. Et je ne m’en sens pas coupable. Je ne crois pas que la charité avec un grand C soit l’action humanitaire par excellence, je ne vois pas pourquoi tous ces enfants de World Vision devraient occuper de la place sur mon frigo et je me fiche de savoir ce que les « bons chrétiens » sont censés faire contre le trafic d’êtres humains. En fait, je me fiche complètement que les gens pensent que je suis obligé de m’y intéresser.
Vous savez pourquoi ? Je ne leur dédis pas ma vie, je ne leur appartiens pas, je ne leur dois rien. Le seul à qui je dois rendre des comptes, c’est Jésus Christ. Mon Seigneur et Sauveur m’a consacré une vie épique, Il est resté pur pour moi, Il a saigné des rivières de sang pour moi, Il est mort pour me sauver et Il a vaincu la mort pour partager Sa victoire avec moi. Tout, dans l’épopée de Sa vie, est une chanson d’amour autant qu’un hymne rock destinés à dynamiser ma vie en m’incitant à suivre Son exemple d’idéal. Les battements de Son coeur m’apaisent, Son harmonie m’émeut. À la mélodie de Son chant, je tombe à genoux pour me joindre à Son cortège triomphal.
Je refuse de vivre une vie en pilotage automatique, de troquer la passion du Christ par obligation. Je m’insurge contre les forces subtiles qui m’incitent à me cacher derrière des murs bâtis sur des excuses égoïstes. Je repousse la passivité comme s’il s’agissait du Diable lui-même. Je ne laisserai pas le cynisme du monde étouffer le feu d’amour qui crépite en mon coeur. Jésus aime son épouse, l’Église, voilà pourquoi nous lui donnons dix pourcent de notre salaire. Oui, nous parrainons un enfant de World Vision et sa photo est affichée sur notre frigo. Je continuerai toujours à donner jusqu’à en avoir mal, à pleurer avec ceux qui pleurent, à souffrir avec ceux qui souffrent et à défendre les opprimés. J’ai simplement décidé que personne n’avait le droit de me dire comment, où et quand le faire. Seul Jésus en a le droit. Et Il le fait.
Il y a quelques mois, j’étais en train de déguster un trio bœuf Angus au McDonald’s. Entre deux bouchées, j’ai remarqué à quelques mètres de moi la présence d’un individu au visage buriné par le temps. Nos regards se sont croisés et je lui ai souri.
« Où sont vos amis ? », m’a-t-il demandé, me prenant sans doute pour quelqu’un d’autre.
« Peut-être que c’est vous, mon ami », lui ai-je répondu, souriant à nouveau. Il a répondu à mon sourire par un autre sourire. Il m’a demandé si j’habitais le quartier, puis après une hésitation, a fini par m’avouer que récemment, il dormait derrière un magasin non loin de là.
« Avez-vous déjeuné ? », je lui ai demandé.
« Euh, non. Je n’aime pas les hamburgers de chez McDonald », alors qu’il buvait un café.
« Que préférez-vous ? »
« A&W. J’aime bien les Buddy Burgers ».
« Dans ce cas, allons-y », je lui ai répondu. « Je vous offre le déjeuner ».
J’ai englouti le reste de mon repas et nous sommes partis tous les deux. Nous avons traversé la grande rue, en dehors du passage piéton, et les voitures nous ont klaxonnés, car il avançait très lentement, comme si marcher le faisait souffrir. Il me dit qu’il s’appelait John.
« Vous savez quoi, John, c’est pour vous que je suis là aujourd’hui. Dieu vous aime de tout son coeur. » John m’a souri à nouveau, d’un plus large sourire que le premier. Malgré ses protestations, je lui commandais un trio. Nous nous sommes assis tous les deux à une table.
« Vous avez l’air de souffrir », j’ai osé lui demander. Il acquiesça.
« J’ai été renversé par une voiture il y a six mois. »
« Où avez-vous mal ? »
« Partout. Chaque membre de mon corps. »
« Où ressentez-vous la douleur aujourd’hui ? », lui demandais-je, sentant l’immensité de l’amour que Jésus lui témoignait. Il m’indiqua son épaule et son avant-bras, j’avais déjà remarqué qu’il avait bien du mal à les faire bouger. Je lui demandais s’il m’autorisait à prier pour lui, ce qu’il accepta, et j’en appelais alors à l’aide du Seigneur. Il tenta de faire un mouvement. À sa grande surprise, il réussit à bouger son bras un peu plus facilement.Après une seconde prière, l’amplitude de ses mouvements s’était largement améliorée et la douleur à l’épaule avait presque disparu.
Après lui avoir serré la main et lui avoir donné ma bénédiction, je lui rappelais combien il comptait pour le Seigneur. Puis je suis parti de mon côté, remerciant Dieu de m’avoir doté de cette sagacité.
Une prière de Paul m’inspire beaucoup : « Ceci est ma prière, que votre amour s’abreuve de toujours plus de connaissance et de perspicacité, afin que vous puissiez discerner ce qui est bon, pur et irréprochable, dans l’attente du jour du Christ, portant les fruits de bonnes œuvres offerts par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. » (Colossiens 1: 9-11). Vous comprenez son message ? Notre amour doit devenir, avec le temps, plus stratégique, plus dirigé et plus efficace. Nous devons apprendre, non pas à aimer plus, mais à mieux concrétiser notre amour. Dieu tient Sa gloire de nos bonnes actions, pas de celles qui sont attendues de nous.
C’est la raison pour laquelle j’aurais aimé être un Macédonien. Les Macédoniens étaient des païens devenus adorateurs de Jésus et qui croyaient profondément en la générosité. Paul vantait leurs mérites dans une lettre adressée à l'Église de Corinthe : « Ils ont dépassé toutes nos attentes, ils se sont abandonnés au Seigneur, puis selon la volonté de Dieu, à nous. Puisque vous excellez dans tout : dans la foi, dans la parole, dans la connaissance, dans l’intégrité et dans l'amour que nous vous portons, veillez à aussi bien exceller dans la grâce du don. » (Corinthiens 8: 5,7)
Si je suis capable de tout surmonter, c’est qu’Il m’en donne la force, mais ma vocation n’est pas de tout créer à partir de rien. Je suis voué à l’excellence grâce au don de moi-même, en me mettant à la disposition de Jésus, afin qu’Il décide de la façon de m’utiliser à son service. Cela inclut mon temps, mon énergie, mon dévouement et mon compte en banque. Si Jésus veut m’utiliser comme ressource, qu’il en soit ainsi. S'Il veut me mener au combat, j’y suis prêt. S'Il décide que j'aimerai dans l’ombre ou que je déjeunerai avec un sans-abri, j'accepte. Je devrai également refuser de nombreux discours de vente.
Je vous laisse avec cette prière à méditer : « Jésus, comment puis-je être à Ton service aujourd'hui ? »
Brad Huebert est un homme marié et l’heureux père de trois enfants qui ne cessent de grandir. Il habite à Calgary en Alberta, où il a établi la Manifest Church pour concrétiser sa vocation : aider les autres à découvrir la vertu grâce au Christ.