Tenir la Distance

Je n’oublierai jamais ma première course cycliste. J’avais 14 ans, et comme tous les autres, je voulais gagner. J’en garde deux souvenirs cuisants. Le premier, c’est le goût de l’asphalte sur ma face, quand je me suis écrasé au sol après trois kilomètres. Dommage qu’une quinzaine d’autres coureurs qui me suivaient aient eu la même idée, ce qui a fait un bel amas de vélos et de coureurs à terre. Je n’ai jamais fini cette course…

L’autre souvenir, c’est le départ de cette même course. Nous avons tous démarré en trombe comme si nous courrions un 100 mètres… il n’a pas fallu longtemps avant que notre langue traîne sur la route… « Erreur de jeunesse » diront certains. Et pourtant, il semble que la plupart d’entre nous – et j’en fais partie – mènent leur vie comme si c’était un sprint, alors que c’est quasiment un… marathon!

Les coureurs de marathon apprennent vite certaines réalités incontournables. En voici quelques-unes parmi tant d’autres que j’ai glanées et qui me parlent. Même si je n’ai jamais couru plus de 18 km (oui, je sais, c’est déjà pas mal. Merci pour le compliment!). Ce ne sont pas des conseils purement techniques, mais de bons principes à considérer si nous voulons aller jusqu’au bout de notre course. Tenir la distance – que ce soit notre vie, nos études, notre carrière ou notre service pour Dieu.

Entraînez-vous régulièrement

Le joueur de hockey n’attend pas le jour du match pour chausser ses patins. Aucun musicien ne se présente à un concert sans une préparation, un entraînement ou une pratique régulière et rigoureuse. On n’a jamais vu un athlète remporter le prix sans avoir respecté toutes les règles (1 Timothée 2.5 BDS). Il n’y a pas de disciple inné ni de disciple « in » sans… discipline. Ouch!

Ne vous prenez pas pour un autre

Quoi de plus décourageant que la comparaison! J’ai 68 ans et quand j’ose encore monter sur mon vélo, je ne me fais aucune illusion. Contrairement à il y a (très) longtemps, je sais que plus de cyclistes vont me dépasser que je ne vais en doubler (si seulement j’en double…)! Mais ce n’est pas une bonne raison de ne plus pédaler. L’esprit de compétition si prévalent dans notre société et notre culture peut parfois nous pousser au découragement, mais à nous, à moi de faire bien avec ce que j’ai, sans besoin de me comparer à quiconque. Je dis à chacun de vous de ne pas avoir une trop haute opinion de lui-même, mais de garder des sentiments modestes, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée (Romains 12.3).

Alimentez-vous et hydratez-vous

Tous les sportifs le savent : quand la fringale vous prend, c’est déjà trop tard – ou presque. Face à un effort prolongé, il faut se nourrir et se désaltérer beaucoup, souvent, avant, pendant et après! Mentalement, spirituellement et moralement, c’est la même chose. Nourrir son esprit – et celui de nos proches - de paroles de vie, d’encouragement, d’espoir fondées sur la grâce de Dieu et sur ses promesses. L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matthieu 4.4). Ne pas prendre le temps de faire le plein, c’est prendre le risque de se retrouver en panne au bord de la route.

Entourez-vous de « fans »

Quand on voit et qu’on entend hurler et vociférer le public des grands événements sportifs, on est tenté de croire que cela trouble les athlètes. Si c’est parfois le cas, ils sont en général les premiers à dire combien leurs fans contribuent à les aider à se surpasser. On se souvient des matchs pendant la pandémie, souvent joués sans public et de l’atmosphère étrange et presque ennuyeuse qui s’en dégageait.

Nous avons besoin des autres, même s’ils ne sont pas à notre place. Besoin d’encouragement, de soutien, d’être entourés. Il semble que nous, les hommes, ayons plus de mal à intégrer cette réalité que les femmes. Nous ne sommes pourtant pas faits pour courir seuls. Nous avons tous besoin d’apprendre à nous faire des amis, à développer des relations authentiques et profondes avec quelques personnes. Combien avez-vous d’amis? De vrais amis? L'ami aime en toute circonstance, et dans le malheur il se montre un frère (Proverbes 17:17 ). Ecclésiaste 4:10 En effet, en cas de chute, l'un relève son compagnon, mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans avoir de proche pour le relever!

Habillez-vous léger

Dans l’antiquité, les coureurs de marathon couraient… nus! Bon, n’allons pas jusque-là, mais se peut-il que nous ayons trop souvent l’esprit encombré de toutes sortes de choses bien secondaires? Et si on faisait le tri? Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée (Hébreux 12.1).

Gardez la tête haute

Assez haute pour avoir les yeux fixés dix à vingt pieds plus loin, dit-on. Intéressant. À mi-chemin entre le présent et l’avenir! Confiant dans la fidélité et les promesses de Dieu, mais aussi de mes limites. Mais toi, Éternel, tu es mon bouclier, tu es ma gloire, et tu relèves ma tête (Psaumes 3:4 ).

Parlez-vous!

Quand ça fait mal, quand ça va mal, je dois me parler. Pour ma part, j’en ai souvent besoin pour poursuivre ma course. Je me répète souvent ces paroles que l’on retrouve trois fois dans deux psaumes pourtant courts – il faut croire que je ne suis pas le seul à baisser parfois la tête et perdre la cadence. Pourquoi t'abats-tu, mon âme, et gémis-tu au dedans de moi? Espère en Dieu, car je le louerai encore; Il est mon salut et mon Dieu (Psaumes 42:5, 11; 43.5).

Ne vous y trompez pas, la course sera longue, et il n’y a pas de raccourci. Seuls, nous ne tiendrons pas la distance. Mais le jour ne se lève jamais le matin sans que Dieu soit près à nous accorder toute la grâce nécessaire pour que nous puissions dire le moment venu avec l’apôtre Paul : J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi (2 Timothée 4.7).

Dominique et son épouse Candy ont servi le Seigneur dans le ministère pastoral pendant 27 ans en Belgique et en France, puis pendant 20 ans au Québec dans divers contextes au service de notre District des APDC. Parents de deux enfants et grands-parents (gâteux) de deux petites-filles, ils jouissent désormais de leur retraite active à Québec.