Métier sacré

Le ministère du travail laborieux

Un vendredi après-midi, je suis allé récupérer ma voiture chez le concessionnaire, qui venait d’en faire l’entretien périodique. En réglant la facture, j’ai demandé à Christopher, le préposé du service avec qui j’ai développé une bonne relation depuis trois ans : « Comment s’est passée ta semaine ? »

Soupirant et haussant les épaules, il a répondu : « Eh bien, elle s’est passée. »

Je lui ai dit : « Je suis sûr que c’est difficile, mais au moins tu as un emploi qui va faire une différence dans l’histoire du monde. »

Il ne m’a pas regardé comme si j’étais timbré. En fait, il semblait intrigué, alors j’ai poursuivi. « Tous ces gens apportent leur véhicule pour que vous en fassiez l’entretien et qu’ils puissent avoir un moyen de transport fiable pour se rendre au travail, où ils gagneront l’argent qui paye l’épicerie, les mensualités du prêt-auto, le loyer, l’éducation des enfants, les soins de santé, et bien plus. Tu es sur la ligne de front pour rendre tout ça possible.

« Et puis, il y a toutes ces mamans qui dépendent de toi pour être certaines que leur voiture fonctionne bien afin de pouvoir conduire en toute sécurité leurs enfants à l’école, aux événements sportifs et aux activités parascolaires. Pense à ce qui arriverait si tu n’étais pas là. Les voitures des gens refuseraient de démarrer, ils n’auraient aucun moyen de les faire réparer, ils ne pourraient pas aller travailler ni payer leurs factures, leurs enfants manqueraient l’école. Ce serait catastrophique. »

Christopher a remarqué : « Tu sais, je n’ai jamais vu ça sous cet angle. J’imagine que mon travail doit réellement faire une différence ! »

Je suis certain que Christopher savait déjà que son boulot valait quelque chose. Mais je pense aussi qu’il a découvert une nouvelle perspective sur l’importance de son emploi dans le grand ordre des choses.

Il n’y a pas de meilleur sentiment que de croire : « C’est ça que je suis censé faire, ici, maintenant ¬– même si c’est difficile. »

Avez-vous ce sentiment ? Rien n’est plus normal que de trouver satisfaction dans votre travail :

Voici ce que j’ai vu : c’est pour l’homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés; car c’est là sa part. Mais, si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s’il l’a rendu maître d’en manger, d’en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu. (Ecclésiaste 5:18-19)

Rien n’est plus pénible qu’un travail qui ne nous plaît pas. Mon premier emploi « officiel » après avoir tondu des gazons et aidé mon père durant deux étés, fut dans la section des fruits et légumes d’un supermarché Publix pendant ma dernière année du secondaire. Le problème, c’est que j’aimais beaucoup Publix (et encore aujourd’hui), mais je n’aimais pas les fruits et légumes. Chaque jour, c’était un fardeau. C’est la mort dans l’âme que je me trainais jusqu’au supermarché, parce que je n’aimais pas mon emploi et n’y trouvais aucune satisfaction.

Bien des hommes se questionnent ainsi : « Je passe beaucoup de temps au boulot. Comment puis-je trouver des moyens de continuer à progresser dans mon travail ? Comment bâtir une carrière dynamique qui fera une différence dans le monde, tout en pourvoyant aux besoins de ma famille ? »

Le travail est-il quelque chose qui sert à gagner de l’argent pour ensuite faire ce qui est vraiment important, ou y a-t-il une valeur spirituelle intrinsèque dans le travail lui-même ?

LA THÉOLOGIE DU TRAVAIL

Peu d’hommes ont une « théologie » du travail. C’est dommage, car la plupart d’entre nous passons environ la moitié de nos 112 heures de veille chaque semaine au travail, si on inclut le temps de se préparer et de conduire aller-retour. La moitié de votre vie !

Tous les concepts nobles dans le monde du travail sont tirés directement de la Bible, que ce soit l’excellence, l’intégrité, la vision, le leadership, la planification, l’exécution, le service exceptionnel et tant d’autres choses. En fait, vous pourriez enseigner presque toute la méthode des études de cas de la Harvard Business School avec le livre de Néhémie. Pourtant, plusieurs hommes seraient bien en peine d’expliquer ce que les chrétiens croient au sujet du travail, alors commençons par là.

QUE DEVRIONS-NOUS PENSER À PROPOS DU TRAVAIL ?

Nous avons été créés pour faire du vrai travail qui fait une vraie différence.

Que vous remplissiez des sacs d’épicerie, répariez un ordinateur, plantiez des clous sur un toit, pratiquiez le droit, vendiez des biens immobiliers, ou quoi que ce soit d’autre − c’est important. Le travail n’est pas seulement une chose que nous endurons pour gagner de l’argent et payer les choses que ne nous voulons réellement faire quand nous ne travaillons pas.

Le travail a une valeur intrinsèque. Si vous travaillez chez Réno-Dépôt, quand vous utilisez une échelle pour pendre sur une tablette supérieure un article pour une femme au foyer qui en a besoin et qui ne peut pas l’atteindre, le christianisme proclame qu’il y a une valeur intrinsèque dans ce geste.

Pourquoi les chrétiens croient-ils cela ? C’est à cause d’un passage de l’Ancien Testament, appelé « le mandat culturel ». En plus d’amener le Royaume dans notre culture, Dieu nous appelle à nous occuper de cette culture à titre d’intendants de Sa création − c’est « le mandat culturel ». Dieu nous a délégué l’autorité sur Sa création dans une confiance sacrée. Voici le passage-clé des Écritures :

Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. (Genèse 1:27-28)

Le travail fait partie de notre ADN. Dieu nous a conçus pour faire de bonnes œuvres sur la terre et nous a chargés de nous occuper de tout ce qu’Il a créé. Quel privilège et quelle responsabilité formidables !

LE TRAVAIL EST UN APPEL POUR LEQUEL VOUS ÊTES ORDONNÉ PAR DIEU.

Dieu ne nous appelle pas seulement au salut. Il nous appelle aussi à travailler. Dieu a ordonné Adam pour le travail agricole. Il l’a désigné en lui donnant les responsabilités et l’autorité : « L’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. » (Genèse 2:15).

Si vous êtes avocat, vous êtes un avocat ordonné. Si vous êtes garde forestier, vous êtes un garde forestier ordonné. Si vous êtes premier intervenant, vous êtes un premier intervenant ordonné. Si vous conduisez un autobus, vous êtes un chauffeur d’autobus ordonné. Si vous êtes le représentant des ventes chez un concessionnaire automobile, vous êtes un représentant des ventes ordonné.

CHAQUE MÉTIER A SA DIGNITÉ.

Le premier emploi au monde a été l’agriculture. Il y a une dignité dans tous les emplois, parce que chacun fait une différence. Vous n’avez qu’à demander à quelqu’un qui a subi une grève des éboueurs.

Mike Rowe a créé la série télévisée Dirty Jobs [Sales boulots − NdT]. Dans une entrevue qu’il donnait lors d’une émission-débat du dimanche matin, il a expliqué ce qu’il retenait le plus de la série : « Pour moi, en tant que groupe, il y avait un niveau de satisfaction du travail qui était indéniable et surprenant. Et c’est la capacité de terminer une tâche. »

Il a ajouté : « Dans Dirty Jobs, la grande leçon c’est qu’il y a énormément de gens qui font du travail très important et que personne ne leur accorde vraiment d’attention positive pour cela. »

Après cette entrevue, j’ai commencé à regarder les hommes autour de moi qui faisaient de sales boulots. Notre exterminateur, Charles, est toujours aussi dynamique après 40 ans de métier. Il aime beaucoup son emploi et laisse un résidu de joie, en plus de l’insecticide, une fois par mois. Il fournit un service authentique et utile. Si vous avez déjà eu un problème d’insectes, vous savez que c’est un travail qui compte réellement.

À peu près à la même époque, le terrain de vidange de notre fosse septique devait être remplacé. Alors que le travail n’a pris que deux jours, le processus pour obtenir le permis a pris deux mois. Si vous ne pensez pas que c’est un travail qui fait une différence, essayez de vivre avec une fosse septique qui ne fonctionne pas pendant deux mois ! Ces travailleurs comprenaient. Dès la première heure, tous les hommes travaillant sur notre terrain étaient enthousiastes et sincères dans leur désir de nous ramener à la normale. Cela leur a donné beaucoup de satisfaction personnelle quand ils ont finalement tourné la dernière pelletée de terre sur notre terrain de vidange réparé.

CHAQUE MÉTIER EST SACRÉ POUR LE SEIGNEUR

La Bible ne fait pas de distinction entre les métiers sacrés et laïques. Si vous avez une concordance dans votre Bible et que vous cherchez toutes les références au mot laïque dans votre Bible, à votre avis, combien en trouverez-vous ? Aucun, parce que ce mot n’apparaît nulle part dans la Bible. Un emploi laïque n’existe tout simplement pas. Chaque métier est sacré. La Bible déborde de sainteté et de sanctification pour les métiers.

LE TRAVAIL EST DIFFICILE À CAUSE DE LA CHUTE

Un jour, j’ai demandé à Bill Bright − le fondateur d’un grand ministère collégial appelé Campus Crusade for Christ (aujourd’hui Cru) − qui voyage constamment, quel pourcentage de son travail était difficile. Il m’a répondu : « Quatre-vingt-dix pour cent de ce que je fais est difficile, mais c’est simplement ce qui doit être fait. » Oprah Winfrey a dit un jour : « Les gens pensent que j’ai une merveilleuse vie de star, mais environ 80 % de celle-ci est juste difficile. »

Les œuvres sont venues en premier et elles étaient bonnes. Mais à cause de la Chute, nous devons faire notre travail en subissant la piqûre des épines. Nous avons vu ce verset dans le chapitre sur le mariage, mais revoyons-le en considérant notre travail :

« Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point !

Le sol sera maudit à cause de toi.

C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture

tous les jours de ta vie,

il te produira des épines et des ronces,

et tu mangeras de l’herbe des champs.

C’est à la sueur de ton visage

que tu mangeras du pain,

jusqu’à ce que tu retournes dans la terre,

d’où tu as été pris;

car tu es poussière,

et tu retourneras dans la poussière. »

Genèse 3:17-19

LE TRAVAIL N’EST PAS SEULEMENT UNE PLATE-FORME POUR LE MINISTÈRE; C’EST UN MINISTÈRE.

Tout ce que nous faisons est pour la gloire de Dieu. Par exemple, que vous soyez agent d’embarquement pour une ligne aérienne ou barista dans un café-bar, chaque client est une occasion de démontrer le caractère de Jésus-Christ. Si vous êtes gestionnaire, chaque conflit entre deux employés présente une opportunité de démontrer l’amour de Christ. L’apôtre Paul a écrit : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10:31)

En d’autres mots, vous ne faites pas que tolérer le travail que vous faites jusqu’à la pause dîner pour faire ce qui est véritablement important, comme partager votre foi avec une collègue en mangeant des tacos. C’est très bien, mais si vous n’avez pas bien fait votre travail de huit heures à midi, vous n’aurez pas beaucoup de crédibilité de midi à treize heures.

Parce qu’il y a une valeur intrinsèque dans le travail proprement dit, ce n’est pas seulement une plate-forme pour le ministère. Le travail est un ministère à part entière. Cela produit le sentiment : « C’est ça que je suis censé faire, ici, maintenant ¬– même si c’est difficile. »

PATRICK MORLEY a fondé Man in the Mirror en 1991, un ministère qui a aidé 35 000 églises à toucher la vie de 12 millions d’hommes à travers le monde. Sa vision est « pour chaque église, faire un disciple de chaque homme ». Il est l’auteur de Man in the Mirror, sélectionné comme l’un des cent ouvrages chrétiens les plus influents du XXe siècle. Patrick a écrit 20 livres, 750 articles et il a été invité dans plusieurs centaines d’émissions de radio et de télévision, en plus d’avoir chaque jour son émission de radio d’une minute, retransmise sur 700 stations. Il est diplômé de l’University of Central Florida et du Reformed Theological Seminary. Il a obtenu un doctorat en administration, dans le cadre d’études postsecondaires à la Harvard Business School et à l’Oxford University. Il vit à Winter Park, Floride, avec son épouse, Patsy. Ses sites Web ministériels sont maninthemirror.org et PatrickMorley.com